Monday, December 9, 2013

Indiana Jones

J'aurais envie de commencer ceci en vous disant que le temps passe vite mais je commence toujours de cette manière...

Tant pis.... maudit que le temps passe vite !

La borne fatidique de la moitié du voyage est déjà passée.  Il me semble qu'en deux semaines nous n'avons pas vécu d'aventures assez intéressantes pour en faire un sujet de blog.  Ce n'est probablement pas le cas, mais nous sommes tellement retombé dans nos pantoufles en débarquant en Asie que, pour moi, ce qu'on fait c'est "business as usual".  Est-ce parce qu'on ne sort pas assez de notre zone de confort ?  Je ne sais pas, mais une chose est certaine: ce voyage est très agréable jusqu'à date.

On a tout de même fait pas mal de route en 2 semaines.  Chiang Mai -> Chiang Rai -> Nan -> (Laos) Hongsa -> Luang Prabang (où nous sommes présentement).  On prévoit par la suite Luang Prabang -> Vientiane -> (Thaïlande) Udon Thani -> Bangkok (Yeah baby !!!).

On a vu plein de belles choses, rencontré des gens intéressants (Tod à Chiang Rai, Pierre & Charlène et un couple autrichien à Hongsa) et des gens un peu (pour être poli) particuliers (en fait y'en a qu'une et elle s'appelait Monica... de belles histoires pour le temps de fêtes en perspective !), fait de la moto et beaucoup de bus, mangé de bien bonnes choses et chié de l'eau pour certaines.  Bref, on s'amuse !

Pour en revenir à Indiana Jones.
Après avoir quitté la magnifique et confortable Thaïlande, nous nous sommes sciemment arrêtés dans un méga-petit village du nom de Hongsa.  Il est tellement petit que les restos sont toujours fermés.  Les filles avaient "spotté" un guesthouse tenu par une anthropologue autrichienne nommée Monica (voir ci-haut).  Le site internet disant qu'elle organisait des balades à dos d'éléphant, activité intéressant hautement mes deux comparses.  Le guesthouse en question était judicieusement nommé Jumbo Guesthouse.
Après 5h d'autobus sur un banc composé d'un plywood ¾" recouvert de cuirette, nous arrivons à Hongsa et après quelques minutes de marche, arrivons au Jumbo Guesthouse où nous rencontrons Monica.
Rapidement on découvre la personnalité de notre hôte qui loue des chambres dans sa maison; Monica offre de cuisiner pour ses clients moyennant réservation à l'avance. Peu après notre arrivée, on l'entend discuter âprement au téléphone avec un couple qui avait réservé la veille mais qui annulait à la dernière minute la chambre et le souper.  Après avoir raccroché au  nez de l'interlocuteur, elle nous offre de souper avec elle (mais pas gratis !).  Ça faisait notre affaire.  On a bien mangé ce soir là.  Après le souper, Monica nous a appris à jouer au rummy, je me suis vraiment fait torché et ce malgré le fait qu'elle jouait à ma place à plusieurs occasions, probablement par impatience face à mon air béat devant mon jeu de cartes.

Un couple francais était logé dans une des 3 chambres, nous les avons croisés à quelques reprises en les saluant timidement.  Il s'agissait de Pierre et Charlène.  On s'informe de la possibilité de faire la balade en éléphant le lendemain.  Malheureusement, un seul élépnant était disponible et déjà réservé pour Pierre & Charlène.  On apprend aussi que la balade est limitée à 2 personnes par bête et qu'il nous faudrait embaucher 2 éléphants si je veux participer.  Le montant étant déjà très élevé, je décide de laisser faire et Monica m'informe que je peux suivre à pied.  Sur le coup, l'idée ne m'enchante pas beaucoup.

Le lendemain, nous allons prendre une marche, au gros soleil  (on a vraiment le tour de partir marcher à midi).  Monica nous avait recommandé le parcours qui nous a mené dans un sympathique village à travers les champs de riz et les paysages montagnards.


L'activité fut agréable mais l'indice UV était très élevé !  Le soir venu, nous rencontrons Pierre et Charlène qui reviennent de leur balade.  Ils étaient totalement insatisfaits !  Outre l'aspect de l'exploitation de l'animal, le parcours emprunté et la difficulté de se tenir sur la tête de l'éléphant dans les pentes escarpées ne leur avait pas plu du tout.  Après avoir entendu leur histoire et à 85$ par personne, on se dit que ce n'est pas idéal.  Heureusement, ils ont fait part de leurs commentaires à Monica qui a rectifié la situation auprès du Mahout (le pilote d'éléphant).  Le parcours qu'ils ont fait n'était pas le bon.
Le soir venu, nous sommes allés boire quelques BeerLao avec Pierre et Charlène et avons terminé la soirée  avec deux amis de plus et une promesse que nous allions visiter la Bretagne un jour.

Le lendemain, à la lumière de ce que nous avaient dit nos amis la veille mais un peu à reculon, je décide de partir à pied pour suivre l'éléphant et les filles.  Excellente décision !

J'étais aux premières loges, j'ai eu la chance de marcher aux côtés d'un éléphant pendant une journée complète dans la jungle !  Il faut avouer que ça n'arrive pas à tous les jours. 
Le trek a commencé sur une route de terre que nous avons rapidement quitté pour une "trail" dans la jungle.
Sur le chemin de terre


 Le paysage défilait en une successions de rizières et de montagnes aux flancs desquelles on pouvait déceler différentes plantations: ananas, arbres à caoutchouc, café et autres espèces végétales inconnues.
À un moment donné,  l'éléphant est sorti de la piste pour traverser une rizière innondée.  Je ne voulais pas me mouiller.  Le Mahout m'a donc indiqué de continuer à suivre la "trail", seul, pendant qu'eux traversaient la rizière.
C'est à ce moment que la toune d'Indiana Jones à commencé à jouer dans ma tête.  Je suis retombé en enfance, je courais dans l'étroit chemin, flanqué d'un dense foliage d'arbres et de fougères exotiques que j'imaginais remplis de bêtes aussi dangereuses les unes que les autres.  La végétation était telle que j'étais comme dans un tunnel, je ne voyais plus l'éléphant qui marchait dans la rizière à ma gauche, je me laissais donc guider par le son de la cloche qu'il portait au cou.
Lorsque je percevais un éclairci, je fourchais, traversant les fougères et m'égratignant les jambes sur des tiges jonchées de piquants afin d'atteindre la rizière pour prendre quelques photos du pachyderme monté de ses 3 passagers.  La brûme matinale rendait la scêne presque féérique.

Balade dans la rizière innondée



De retour dans la piste


À un moment, l'éléphant est sorti de la rizière et est revenu dans la trail.  J'ai alors eu l'occasion d'apprécier toute la puissance et la grâce de la bête.  Champaign (c'est son nom) arrêtait de temps en temps pour arracher un arbre de 3 pouces de diamètre avec sa trompe pour ensuite l'engloutir en quelques secondes.
Après tout, l'animal mange en moyenne 250 Kg (500 lbs) de végétaux à chaque jour !
Après plusieurs minutes à parcourir la jungle, nous avons débouché sur une autre rizière, mais cette dernière était sèche et je pouvais y marcher.  Champaing marchait, avec une impressionnante agilité vue sa grosseur, sur les étroits murets qui servent à retenir l'eau lorsque les paysans innondent les champs lors de la plantation.
Un animal agile malgré sa taille !


Après la rizière, Champaing a quitté la piste pour aller marcher dans un ruisseau.  La vue pour les passagères était splendide, le lourd animal marchait gracieusement dans le ruisseau qui était recouvert par la flore tropicale.  Pour ma part, je poursuivais ma progression dans la piste, toujours en tant qu'Indiana Jones.

La trail de l'éléphant dans le ruisseau

La trail d'Indiana Jones !

Armé d'un bout de bambou que j'ai ramassé par terre, je me frayais un chemin dans l'épaisse végétation (c'est à dire que je coupais une branche ici et là qui ne gênaient pas du tout mon chemin) en frappant de ma machette de bambou.   À un moment donné, j'aperçus un arbre dont le tronc tordu surplombait la petite rivière.  Ayant pris de l'avance sur le pachyderme, j'enfourchai le tronc d'arbre et attendis l'arrivée de l'éléphant.  Lorsque mes compatriotes passèrent, j'étais assis, presque au dessus de leur tête.  Indiana eut été fier de moi !
Sur le tronc d'arbre !

Après 2 heures de marche, ce fut le temps de la pause pour un dîner qui s'est avéré très bon.  Notre Mahout a fait un petit feu (que j'entrepris d'entretenir avec ferveur) et il nous a pêché quelques crabes d'eau douce dans la rivière que les filles ont fait cuire et mangé (oui... je suis allergique) avec appétit .  Pendant la pause de 3 heures, le Mahout qui parlait un peu le francais a tenté de nous apprendre quelques mots en laosien... avec plus ou moins de succès.  Champaign pour sa part était occupé à dévorer la jungle sur le flanc de la montagne qui se dressait devant nous.  À tout moment, on voyait un arbre disparaître bruyamment sous la force et l'appétit de la bête.

Des "Poo" et un "Paa"

Les bestioles en cours de cuisson

Une "pointy spider" qui m'était tombée sur la tête.  Ça surprend !

La bouffe
 Suite à la pause, nous sommes revenus tranquillement vers le Jumbo Guesthouse.  À notre arrivée, nous étions fatigués mais totalement satisfaits de notre journée.
La baignade un peu improvisée



Encore une fois c'est un long blog.  J'espère malgré tout que vous êtes retombé en enfance avec moi, dans la peau d'Indiana Jones.