Sunday, May 29, 2011

African Power : Chapitre 3, L’ambassade Ghanéenne & le couple américain

Nos plans initiaux prévoyaient qu’on irait au Kenya et en Inde après avoir visité le Ghana et le Togo. Nous avons vérifié le prix des billets d’avion et on sauvait beaucoup d’argent en partant d’Accra au Ghana. Nous avons donc acheté un billet en départ d’Accra, sachant par contre que l’on devrait revenir au Ghana après le Togo pour cette raison. Le hic c’est qu’on avait un visa simple entrée pour le Ghana. Prévoyants voyageurs que nous sommes ( ! ) nous nous sommes rendus à l’immigration ghanéenne à Accra pour savoir si on pouvait demander tout de suite un nouveau visa ou un transit qui nous permettra de revenir au pays pour prendre l’avion après notre périple au Togo. L’agent que nous avons rencontré nous a informé que nous devions nous rendre à l’ambassade du Ghana au Togo et qu’il ne pouvait rien faire pour l’instant.

Les jours ont passés et nous nous sommes rendus au Togo. Lomé étant très proche des lignes du Ghana, nous avons profité de l’occasion pour y rester quelques jours afin de régler nos affaires de visa ghanéen.

En fouillant un peu sur internet, on se rend compte que l’ambassade du Ghana au Togo ne délivre plus de visas aux non-résidents du Togo et ce depuis janvier 2011. On devient un peu inquiets mais on se dit que l’agent d’immigration du Ghana ne nous aurait pas dit de venir ici si l’ambassade ne pouvait pas nous délivrer de visa, non ? On se rend donc sur place et on est accueillis par une femme derrière le comptoir. Le dialogue qui suit n’est pas tout à fait exact mais il résume bien la discussion.

« - Bonjour, on vient pour demander un transit pour prendre l’avion au Ghana.

- Vous êtes résidents du Togo ?

- Non.

- L’ambassade ne délivre pas de visa aux non résidents. »

À ce moment, la femme se lève et sort de la pièce, sans rien nous dire. On attend patiemment. Elle finit par revenir quelques minutes plus tard.

Elle était très agressive et elle criait presque après nous.

« - Je vous ai dit que nous ne délivrons pas de visa aux non résidents.

- Mais l’immigration du Ghana nous ont dit de venir ici.

- Pourquoi êtes vous sortis du Ghana ?

- Pour visiter le Togo.

- Pour visiter ? Vous êtes idiots d’être sortis du Ghana.

- Mais madame, de toute façon malgré notre visa de 60 jours, on a du sortir après 30 jours. (voir chapitre 2).

- Vous ne comprenez rien ou quoi ? Je vous dit que l’ambassade ne délivre pas de visas aux non résidents. Vous êtes idiots de ne pas comprendre ça. »

À ce moment, elle se met à appeler les autres clients qui attendent. Sans nous regarder, elle sert tous les autres clients. Elle est aussi aggressive avec eux qu’elle l’est avec nous. Les gens semblent découragés et choqués de son attitude et du manque d’efficacité de cette ambassade. Parmis ces gens il y avait un jeune couple qui cassait le francais, visiblement de l’anglais. Ils semblaient découragés de la manière dont elle nous parlait mais ils ont donné leur formulaire et ils sont partis. Nous, on reste à notre place, plantés devant son comptoir pendant tout ce temps. Une fois qu’elle a servi tout le monde, on recommence à lui parler :

« - Bon, maintenant madame, pouvez-vous répondre à nos questions ?

- Allez-vous passer toute la journée à me déranger comme ça ?

- On ne vous dérange pas madame, vous faites votre travail.

- … Ce n’est pas une raison pour me déranger. Revenez le 27 pour demander un transit.

- Vous allez nous délivrer un transit le 27 ? Je pensais que vous ne délivriez pas de visas aux non résidents.

- Peut-être que le consul vous entendra à ce moment.

- Est-ce que c’est possible de lui parler maintenant ?

- Non.

- Ce n’est pas possible de prendre un rendez-vous, on peut attendre toute la journée s’il le faut.

- … Non … Vous irez à la frontière pour demander votre visa.

- Ah bon, on peut aller à la frontière ?

- Oui. Maintenant arrêtez de me déranger.

- Est-ce que toutes les frontières délivrent des visas ?

- Oui.

- Vous êtes certaine ?

- Pourquoi vous me dérangez encore avec ces questions ? Vous comprenez rien ou quoi ? Ne me posez pas cette question, je ne sais pas.

- Mais vous venez de me dire d’aller à la frontière !

- ... oui oui, allez à la frontière. »

À ce moment précis, on a réalisé qu’elle disait n’importe quoi pour se débarasser de nous et que ça ne vallait plus la peine d’essayer quoi que ce soit.

« - Très bien. On reviendra le 27. Merci pour votre courtoisie madame. »

À notre hôtel au souper, on a revu le couple anglophone. Ils logeaient au même endroit que nous, on a discuté un peu de ce qui s’était passé. Ce sont deux américains qui sont au Togo pour 2 ans pour faire de l’aide humanitaire, donc ils pouvaient avoir un visa pour le Ghana.

Encore une fois, pourquoi cette femme a agi de cette manière avec nous ? Elle n’est qu’une réceptionniste qui aurait bien pu nous expliquer tout ce qu’elle nous a dit de manière courtoise. Elle aurait même pu nous arranger une rencontre avec le consul, on l’avait déjà fait au Ghana. Non, elle a affirmé son autorité, son « pouvoir » sur nous. Dans sa tête, elle ne faisait pas son travail, on la dérangeait. Telle une supérieure qui doit discuter avec son subordonné. C’est ce que j’ai ressenti, elle tentait d’être supérieure à nous, elle criait et elle était agressive. Intéressant non ?

Bon, nous n’avions pas de visa pour le Ghana et cette situation nous stressait beaucoup. On a évalué différentes options auprès de Voyages Abitibi pour voir comment on pourrait déplacer le vol ou l’annuler. Finalement on réalise que ça coûterait très cher et qu’il faut absolument prendre notre vol. On se faisait du sang de cochon pour ça et on déprimait un peu.

Il faut aussi dire que dans les jours qui ont suivi notre arrivée à Lomé, nous avons eu le temps de découvrir les différences entre le Ghana et le Togo. L’une d’elle qui nous a frappé mais qu’on a appris à la dure, c’est qu’au Togo, tu ne peux jamais te fier à ce que l’on te dit. Le « mensonge » fait littéralement partie de la culture ici. C’est étrange et très déstabilisant, ce thème pourrait faire partie d’une chronique entière mais en gros, si l’on te dit une chose il faut en douter. On finit par s’habituer et à comprendre un peu comment ça marche mais lorsqu’on recherche une information essentielle comme « comment on peut avoir un visa ghanéen » c’est pas idéal.

On a tout de même quitté Lomé pour se rendre à Kpalimé, une ville plus au nord mais tout de même près de la frontière avec le Ghana. Nous avons rencontré un togolais, qui se disait guide et employé de l’hotel et ensuite membre d’une association de guides et que son père est mort (je vous disait qu’il ne faut jamais croire ce qu’on nous dit). Enfin, on décline toutes ses invitations à faire des visites et lorsqu’on le recroise 2 jours plus tard on finit par lui expliquer notre problème de visa.

« - Vous voulez un visa du Ghana ?

Si vous voulez je vous emmène à la frontière.

Mon père travaille aux douanes togolaises (il a dû oublier qu’il nous avait dit qu’il était mort !).

Je vais l’appeler, il connait bien les douaniers du Ghana. Ça va prendre 10 minutes.

Je vous ammène à moto et on règle ça dès aujourd’hui si vous voulez.

- Ah bon c’est vrai ça ? Pour combien ?

- Ça prendra 2 motos… 10,000 FCFA (20$ CA).

- C’est cher mais c’est O.K. »

On était tellement contents d’avoir de l’aide pour régler ce problème qu’on n’a même pas essayé de négocier le prix exhorbitant qu’il nous demandait.

On s’est donc rendus à la frontière. Il ne connaissait personne là bas, il n’avait appelé personne et on n’ pas pu avoir notre visa. Par contre, on a pu discuter avec les agents ghanéens qui ont bien voulu répondre à nos questions et qui ont confirmé qu’on pouvait obtenir un transit à la frontière. On a même pris le nom et le numéro de téléphone de l’un d’eux au cas où.

Pour ce qui est du guide togolais, ça nous a coûté un peu cher, mais on a fait un magnifique tour de moto de 2 heures dans la campagne togolaise, cheveux au vent (non non, on ne porte pas de casque au togo ;). Juste la balade vallait bien le 20$, mais on a tout de même confronté le guide à l’arrivé pour lui dire qu’il nous avait mené en bateau.

On traversera la frontière bientôt, on espère que tout ira bien et qu’on ne goûtera pas trop au African Power du côté du Ghana !

No comments:

Post a Comment