Friday, May 20, 2011

African Power : Première Partie

Il y a quelques jours, j’étais très en colère. Je pensais écrire un article pour me défouler car j’avais envie de vous « garocher » notre histoire et de vous laisser à votre propre jugement. Bien sûr, ce texte aurait été biaisé et votre analyse l’aurait été tout autant.

Mais quelques jours ont passés, nous avons vécu d’autres aventures qui m’ont permis de relativiser, de voir la chose sous une autre perspective et bien sûr de me calmer un peu. Je vais donc plutôt vous réciter nos aventures en lien avec le titre de cet article et source de ma colère.

Aussi, je pensais initialement faire un seul article mais il aurait été long et un peu aride. Je voulais réciter toutes nos épisodes pour ensuite commenter à la fin. Marjori m’a donc suggéré de faire une série d’articles, je vais donc poster chaque épisode indépendamment et commenter chacun d’eux.

Cette série d’articles se titre African Power, ce n’est pas pour rien. Ce que j’essaierai de vous communiquer c’est notre analyse de l’expression du pouvoir sous toutes ses formes en afrique depuis le début de notre périple. En effet, nous nous sommes souvent retrouvés dans des situations plutôt désagréables et dont l’occurrence était plutôt inexplicable. Après réflexion et discussion entre nous, on s’est rendus compte que le dénominateur commun à toutes ces expériences était l’expression d’un certain pouvoir d’une personne sur une autre ou sur un groupe. Comme si ici c’était bénéfique voir nécessaire pour une personne d’exercer son pouvoir, aussi minime puisse-t-il être, dès qu’une occasion se présente. Je sais que je joue au sociologue ici (et oui, c’est vraiment pour m’amuser que je fais ça, je ne me prends pas au sérieux), champs dans lequel je n’ai aucune compétence et tout ce que j’écrierai dans cette série n’est que pure fabulation de ma part et est sans prétention. C’est un récit de ce que je vis et comment ça se passe dans ma tête. Je vous invite donc fortement à donner votre opinion dans la section commentaires, ça pourra être amusant et intéressant !

Finalement, vous remarquerez que ces histoires sont en général des expériences qui nous ont été désagréables sur le coup. Je tiens à dire que le temps arrange les choses et que malgré ces petits épisodes négatifs nous faisons un voyage extraordinaire et que la majorité de nos aventures sont positives. Il est toujours plus facile de raconter les anectodes que la normalité.

Intrigués ? Voici notre petite histoire :

Chapitre 1 : Le Consul Indien

Comme vous le savez peut-être, nous avons fait une demande de visa indien de 6 mois, multiple entrées au consulat indien à Accra (au Ghana). Nous avions laissé notre passeport et sommes retournés le 5 mai dernier, tel qu’il nous avait été demandé, pour récupérer le tout. Nous arrivons tôt le matin, la réceptionniste nous informe que tout est O.K. et nous demande de payer le visa (environ 55$ CA). On s’exécute et elle nous dit de revenir à 15h00, que ça serait prêt. Parfait, on a finalement réussi ! Une fois revenus à l’hôtel, un petit détail retiens notre attention, sur le reçu qu’elle nous remet il est écrit « 3 months » au stylo. On s’interroge un peu mais on se dit que ce doit être autre chose car on a bien rempli notre formulaire et que tout était correct.

Ils nous l’auraient dit s’il y avait eu un problème. Non ?

De retour à l’heure prévue, on nous redonne notre passeport. Surprise, nous avons un visa de 3 mois, simple entrée et qui commence à courrir dès maintenant. Il expire donc tout près d’un mois après notre entrée en Inde. Bon… on peut pas laisser ça comme ça. On s’adresse donc à la dame au comptoir

« - Il y a un problème ?

- Oui, c’est un visa simple entrée…

- C’est à discrétion du consul.

- Quoi ? Mais ça change tout nos plans.

- C’est à sa discrétion.

- Mais les dates ne fonctionnent pas, le visa expire avant la fin de notre voyage ! »

S’en suivit un regard hargneux et un soupir forcé.

« - Asseyez vous et attendez. Combien de temps voulez-vous passer en Inde ?

- Minimum 3 mois.

- Quoi ? Pourquoi ?

- …. Euh parce que.

- Attendez. »

À ce moment on se dit que c’est une simple erreur. Que le consul va corriger tout ça et qu’on va pouvoir alller prendre une bonne bière froide sur la terrasse. Quelques minutes plus tard, on nous appelle et on nous fait passer dans le bureau du consul. Un homme petit et trappu, de race indienne (selon Marjori, moi je pensais qu’il était ghanéen) arborant la moustache et des lunettes s’y trouve.

« - Je peux vous donner une extension de 1 mois, jusqu’au 5 septembre.

- Mais pourquoi, nous avons demandé un visa de 6 mois multiple entrée et vous nous donnez un visa simple entrée de 3 mois.

- L’Inde ne délivre plus de visas de 6 mois.

- Quoi ?

- L’Inde ne délivre plus de visas de 6 mois depuis le 11 septembre, à cause du terrorisme.

- Marjori : Mais c’est impossible, ma cousine est allée en Inde 6 mois, elle est revenue ça fait même pas un mois.

- Non.

- Non ? Comment ça non ?

- Non.

- Mais on est certains que les visas de 6 mois existent encore monsieur.

- Je peux vous donner le 5 septembre. OK ?

- Est-ce qu’on pourra le proroger dans le pays ?

- Non. Le 5 septembre c’est OK ?

- Vous pouvez pas nous donner jusqu’au 15 ? C’est seulement 10 jours de plus et ça ferait notre affaire.

- Non. C’est OK ?

- C’est pas OK. Mais est-ce qu’on a d’autres options ?

- Non.

Le 5 septembre c’est OK ?

- C’est pas OK mais on n’a pas d’autres options… »

Finalement, nous sommes sortis de son bureau, un peu déboutés, avec un visa pour l’inde trop court et ne nous permettant pas de sortir et de revenir au pays. J’étais très fâché car cet homme venait de changer nos plans sans raison. Absolument sans raison car lorsqu’on va sur le site web de la haute commission indienne au Ghana, on voit clairement qu’ils délivrent des visas de 6 mois multiples entrées comme on l’avait demandé.

Il nous a donc menti en pleine face lorsqu’il nous a dit que l’Inde n’émettait plus de tels visas suite au 11 septembre. Il avait le pouvoir de nous donner 10 jours de plus sans problèmes. Mais voilà, je l’ai dit, il avait le Pouvoir.

Pourquoi a-t-il fait ça ? On pense qu’il s’est peut-être trompé au départ lorsqu’il a fabriqué le visa. De le reconnaitre devant nous, deux blancs étrangers c’était trop. La fièvre du pouvoir lui a pris, il n’a pas pu s’empêcher de nous imposer SA décision. Il avait une occasion en or d’être supérieur, d’être plus fort, d’être le maître de notre destin (oui, j’avoue que le mot est un peu fort).

De notre côté, c’était notre premier contact avec ce phénomène. Nous n’étions pas préparés et nous ne nous sommes pas défendus. Je suis une personne qui déteste les injustices peu importe à qui elles arrivent. Je suis sorti déçu d’avoir à changer nos plans pour l’Inde mais aussi très frustré après moi-même de ne pas avoir su me défendre.

On a donc décidé que ça n’allait pas en rester là, rendus en Inde, on va leur expliquer ce qui s’est passé et ils vont corriger tout ça. Afin de me préparer un peu, j’ai décidé d’appeler l’ambassade indienne au Canada à Ottawa afin qu’ils puissent m’indiquer la démarche à suivre. J’appelle donc et j’explique à la personne notre situation. Lorsque je lui demande ce que je peux faire, elle me répond qu’elle ne commentera pas et elle me raccroche au nez ! Quoi ? Merde tu es au Canada, c’est pas une république de banane. Incroyable !

Ce fut le clou dans le cercueil. À ce moment je croyais me rendre compte de l’ampleur de la bête à laquelle je m’attaquais, mais l’avenir nous montrera que je n’en avais aucune idée.

Ce qu’on retiens de cette expérience : il ne faut pas se laisser faire dans ces situation, il faut se battre.

Ce qui nous reste à apprendre : comment faire pour se défendre. C’est une autre paire de manche, surtout que nous n’avions encore rien vu.

À suivre…

4 comments:

  1. :) Tu me fais sourire JF! Je reconnais bien des situations semblables dans mon aventure africaine... mais comme on était toujours accompagnés d'africains qui connaissaient la musique, ça s'est toujours bien passé. L'Afrique est un pays de négociations. Ça fait partie des moeurs et des coutumes. L'important, c'est la santé... et de garder le moral! :)
    Félicitations pour votre assiduité dans votre blogue! Merci beaucoup de nous faire vivre vos aventures!
    Isabelle

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  2. HIHIHI! Excusez-moi mais ça me refait vivre pleins de situations vécues au Cameroun...Je dois avouer par contre que les pires ont souvent été au Consulat et avec les policiers...Oui, on peut qualifier cela d'abus de pouvoir...mais bon, quoi faire de plus, de moins...Les Blancs ont tellement eu et ont encore le POUVOIR alors difficile pour eux de résister à contrôler une situation quand ils le peuvent!

    Malgré que nous ne voulons pas contribuer à la corruption, nous en venons à nous tanner et avec un peu de sous de plus, bizarrement, tout s'arrange :P Négocier et négocier...C'est pire avec une petite peau palette.

    Je constate que vous êtes en train d'apprendre, de vivre un méga choc culturel car je crois que c'est en Afrique que c'est le plus à l'opposé de nous...Nous sommes tjrs dépassés par tout, nous n'avons plus de cadre de référence...ouf...mais quelle aventure! J'ai tellement grandit en Afrique! Et malgré toutes ces difficultés, j'y suis retournée et j'ai tjrs envie d'y retourner...

    C'est encore pire de voir une personne se faire tuer car elle a volé un oeuf...et oui, le lynchage...seule justice en Afrique...Ça reste et ça traumatise un Blanc à vie...mais bon, il faut essayer de comprendre leur situation!

    Je vous souhaite une bonne continuité et je suis garantie que malgré toutes vos frustrations, vous trouverez une belle souplesse qui vous permettra de rencontrer des gens merveilleux!

    J'aime bcp vous lire! Natasha

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  3. Absolument fascinant!!! c'est réellement une autre planète!!Continuez de nous partager vtre aventure...ces Africains sont la prochaine super puissance mondiale!!xx

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  4. oupa!! j'ai oublié de m'identifier!! c,est "tante Madeleine"xx

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